En
attendant lédification du nouveau sanctuaire
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LA PETITE
ÉGLISE DE BOUZARÉA
VOUÉE A UN
GRAND SAINT ET A UN GRAND ROI
VA BIENTÔT
FÊTER SON CENTENAIRE
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La paroisse fut
créée par décret impérial du 9 octobre 1854
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La
colline de Bouzaréa devrait être un haut lieu, mais la
vocation marine dAlger a écarté tous ses possesseurs
de cette position trop terrienne. Nous aurions pourtant bien vu là
un oppidum ou une basilique romaine, ou un fort turc, un grand marabout
ou une forteresse française, puisque cest au bordj Polignac
que le général Berthezène a hissé le premier
drapeau français à un emplacement encore pieusement conservé.
Mais Bouzaréa était trop éloigné de la mer
et c'est sur le Penon, sur le Fort-lEmpereur que se fixèrent
les défenses dAlger, et cette concentration vers les rives
marines sest poursuivie dans la foi chrétienne qui a érigé
la basilique de Notre-Dame dAfrique sur un éperon dominant
lentrée de la baie et non sur le point culminant, comme
à Fourvières, à Notre-Dame de la Garde ou au Sacré-Cur.
Et Bouzaréa neut quune toute petite église,
un local très humble, mais placé sous le vocable de Saint-Louis,
grand roi et grand saint, qui mourut en sefforçant de ramener
la foi chrétienne sur la terre dAfrique.
La paroisse relevant de ce modeste sanctuaire fut créée
par un décret impérial du 9 octobre 1854 et nous aurons
sous peu à célébrer son centenaire. Adossée
à une vieille maison mauresque, le presbytère, qui a conservé
sa charmante architecture, cette église na jamais vu se
dérouler dans ses murs des cérémonies grandioses,
mais elle en a connues de bien émouvantes, telles en 1895 les
funérailles solennelles présidées par larchevêque
dAlger des restes dun sergent français tué
lors de la conquête, découverts à la construction
du fort de Bouzaréa et reconnus grâce à luniforme.
Cest aussi à Bouzaréa que le cardinal Lavigerie
reçut du desservant, le chanoine Ravaille. une extrême-onction
bénéfique, puisque le grand prélat put ensuite
reprendre son apostolat.
La très petite église des débuts fut progressivement
agrandie au prix de difficultés énormes : en 1873, le
chur actuel fut construit, et, en 1919, devenue réellement
trop exiguë pour ce village sans cesse croissant, elle fut amenée
à ses dimensions actuelles. Mais ces transformations ne furent
que des entreprises effectuées sous la pression de la nécessité
et plusieurs projets de reconstruction ne purent être menés
à bien. Aujourdhui, saint Louis regarde du fond de son
église un enchevêtrement de madriers qui soutiennent des
murs lézardés et il se demande certainement sils
tiendront jusquau centenaire et sils ne causeront pas de
dommages aux fidèles.
Nous aussi nous regardons avec émotion ce vieux sanctuaire qui
dresse dans ce village africain sa silhouette déglise de
campagne française et lon cherche dans son voisinage la
charrue tirée par les percherons, plus que cette campagne âpre
et accidentée et plus que ce somptueux décor qui va jusquà
lAtlas et à la pointe de Sidi-Ferruch. Les années
en ont eu raison de cette charmante et modeste église. et M.
labbé Sucbet, curé de la paroisse, sest attaché
à la construction d'un nouveau sanctuaire assez grand et solide
pour accueillir tous ses fidèles et les accueillir en sécurité.
Souhaitons-lui de recueillir les fonds nécessaires à laccomplissement
de ses projets, et souhaitons-le au comité de reconstruction
de léglise qui unit à la population et aux personnalités
de Bouzaréa, le bordj Polignac, représenté par
la princesse de Ligne, et les épopées militaires représentées
par labbé Suchet, aumônier militaire, arrière-neveu
du maréchal Suchet, duc d'Albuféra, et de Monseigneur
Suchet, aumônier des expéditions dAfrique
Echo
d'Alger du 9 juin 1954