BOUZARÉAH - Le Four Solaire
Nouvelle page mise sur le site le 27 février 2025
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Achevé depuis peu de temps
Le four solaire de la Bouzaréa
est le deuxième du monde

Il permettra la fabrication
d’engrais synthétiques


Le four solaire de la Bouzaréa vient d’être terminé ; sa gigantesque corolle métallique s’épanouit au milieu des bois entourant les bâtiments de l’Observatoire.
Cet appareil, de construction entièrement française, est le deuxième du monde après celui de Montlouis (Pyrénées-Orientales), d’ailleurs de conception différente. La France a toujours occupé dans les recherches concernant la captation de la chaleur solaire une place importante et il était normal que l’Algérie, avec son ensoleillement remarquable. abritât un jour une telle réalisation.

40 tonnes mues par un mouvement d'horlogerie
Le four de la Bouzaréa a eu un ancêtre, un miroir de projecteur avec lequel on fit des expérimentations sur les toits des Facultés. Sa construction a demandé deux années, depuis que les plans en furent jetés sur le papier.
L'ensemble, réflecteur, contrepoids et pieds pèse une quarantaine de tonnes. Cette masse peut résister d’elle-même à des cyclones soufflant à 200 km.-heure et aux plus violentes secousses sismiques.
L’orientation du miroir, selon les équations solaires, se fait par deux petits moteurs électriques de 3 CV.
La démultiplication du système est telle qu’un homme vigoureux arrive à donner au réflecteur l’inclinaison voulue.
Grâce à ce véritable mouvement d’horlogerie, télécommandé depuis une salle souterraine, le miroir reste constamment face au soleil.

Une plaque d'acier de 25 millimètres fond en quelques secondes !
Ce miroir est constitué par l’assemblage de cent quarante quatre éléments l’aluminium polis électroniquement et dont la surface totale utilisable est de 50 mètres carrés. La convergence des rayons solaires au foyer de l’appareil (distance focale : 3 m. 14) produit une tache comme une assiette et dont la chaleur avoisine 4.000 degrés.
Cette ternpérature amène, en quelques secondes, la fusion d’une plaque d’acier épaisse de 25 mm. et la vitrification des roches les plus réfractaires.
Le réglage du four n’est pas sans danger, aussi utilise-t-on pour cela la pleine lune, car le diamètre apparent de l’astre mort est celui du soleil.
Le four solaire en temps normal est abrité sous un vaste hangar monté sur rails . On remarquera l’élégance et le fini de cette réalisation qui pourtant pèse 40 tonnes

Sous l'égide du C.S.R.S
Le four solaire de la Bouzaréa dépend du Conseil supérieur de la Recherche scientifique ; cet organisme à l’échelon algérien, est présidé par l professeur Dalloni et coiffe plusieurs commissions, dont celle de l’Énergie solaire. Cette commission a à sa tête M. Bétier. ingénieur général des Mines, assisté, de M. Frixon, du professeur Guillemonat (chargés de l’exécution du four solaire) et de MM. Juston et Fournet de Tosecq.
L’installation, à la Bouzaréa, a été autorisée par M. le Recteur de l’Académie. Une telle réalisation sur les Hauts-Plateaux ou au Sahara apparaîtrait séduisante, mais il faut compter avec les vents de sable qui détérioreraient rapidement le système optique.

Naissance d'une nouvelle industrie : dérivés synthétiques de l'azote
Plus encore qu’un puissant moyen d’investigation offert aux chercheurs, le four solaire de la Bouzaréa représente une source autonome d’énergie.
Ce qui est appréciable dans les trois départements où les possibilités énergétiques sont assez précaires : 300 000 tonnes de houille : 600 000.000 de kw. produits par les centres hydroélectriques et 1.000.000 de tonnes de pétrole.
On pourra avec l’appareil fabriquer des dérivés synthétiques de l’azote (engrais) et l’on ne peut que se réjouir devant les perspectives qu’offre à l’Économie algérienne cette magnifique réalisation.

Echo d'Alger du 23 novembre 1954