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depuis peu de temps
Le four solaire
de la Bouzaréa
est le deuxième du monde
Il permettra la fabrication
dengrais synthétiques
Le four solaire de la Bouzaréa vient dêtre terminé
; sa gigantesque corolle métallique sépanouit au milieu
des bois entourant les bâtiments de lObservatoire.
Cet appareil, de construction entièrement française, est
le deuxième du monde après celui de Montlouis (Pyrénées-Orientales),
dailleurs de conception différente. La France a toujours
occupé dans les recherches concernant la captation de la chaleur
solaire une place importante et il était normal que lAlgérie,
avec son ensoleillement remarquable. abritât un jour une telle réalisation.
40
tonnes mues par un mouvement d'horlogerie
Le four de la Bouzaréa a eu un ancêtre, un miroir de projecteur
avec lequel on fit des expérimentations sur les toits des Facultés.
Sa construction a demandé deux années, depuis que les plans
en furent jetés sur le papier.
L'ensemble, réflecteur, contrepoids et pieds pèse une quarantaine
de tonnes. Cette masse peut résister delle-même à
des cyclones soufflant à 200 km.-heure et aux plus violentes secousses
sismiques.
Lorientation du miroir, selon les équations solaires, se
fait par deux petits moteurs électriques de 3 CV.
La démultiplication du système est telle quun homme
vigoureux arrive à donner au réflecteur linclinaison
voulue.
Grâce à ce véritable mouvement dhorlogerie,
télécommandé depuis une salle souterraine, le miroir
reste constamment face au soleil.
Une
plaque d'acier de 25 millimètres fond en quelques secondes !
Ce miroir est constitué par lassemblage de cent quarante
quatre éléments laluminium polis électroniquement
et dont la surface totale utilisable est de 50 mètres carrés.
La convergence des rayons solaires au foyer de lappareil (distance
focale : 3 m. 14) produit une tache comme une assiette et dont la chaleur
avoisine 4.000 degrés.
Cette ternpérature amène, en quelques secondes, la fusion
dune plaque dacier épaisse de 25 mm. et la vitrification
des roches les plus réfractaires.
Le réglage du four nest pas sans danger, aussi utilise-t-on
pour cela la pleine lune, car le diamètre apparent de lastre
mort est celui du soleil.
Le four solaire en temps normal est abrité sous un vaste hangar
monté sur rails . On remarquera lélégance et
le fini de cette réalisation qui pourtant pèse 40 tonnes
Sous
l'égide du C.S.R.S
Le four solaire de la Bouzaréa dépend du Conseil supérieur
de la Recherche scientifique ; cet organisme à léchelon
algérien, est présidé par l professeur Dalloni et
coiffe plusieurs commissions, dont celle de lÉnergie solaire.
Cette commission a à sa tête M. Bétier. ingénieur
général des Mines, assisté, de M. Frixon, du professeur
Guillemonat (chargés de lexécution du four solaire)
et de MM. Juston et Fournet de Tosecq.
Linstallation, à la Bouzaréa, a été
autorisée par M. le Recteur de lAcadémie. Une telle
réalisation sur les Hauts-Plateaux ou au Sahara apparaîtrait
séduisante, mais il faut compter avec les vents de sable qui détérioreraient
rapidement le système optique.
Naissance
d'une nouvelle industrie : dérivés synthétiques de
l'azote
Plus encore quun puissant moyen dinvestigation offert aux
chercheurs, le four solaire de la Bouzaréa représente une
source autonome dénergie.
Ce qui est appréciable dans les trois départements où
les possibilités énergétiques sont assez précaires
: 300 000 tonnes de houille : 600 000.000 de kw. produits par les centres
hydroélectriques et 1.000.000 de tonnes de pétrole.
On pourra avec lappareil fabriquer des dérivés synthétiques
de lazote (engrais) et lon ne peut que se réjouir devant
les perspectives quoffre à lÉconomie algérienne
cette magnifique réalisation.
Echo
d'Alger du 23 novembre 1954
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