Giens 14 mai 2005 : premières retrouvailles "nationales" des anciens Aérofranciens
Dernière mise à jour : le 1er décembre 2005
 
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----Eh bien oui ! Elle a eu lieu cette réunion de retrouvailles ! Pour être franc, lorsque nous en avons parlé la première fois avec Bernard Adreit, je n'avais pas été très chaud pour cette idée : je prévoyais beaucoup de travail et de difficultés (trouver un lieu et une date qui conviennent au plus grand nombre, organiser l'hébergement, prévoir une animation) pour un résultat que j'imaginais maigre et décevant, avec la crainte de critiques et de dérapages.
-----Malgré mes réticences, Bernard et Noëlle ont heureusement pris en main l'organisation de cette réunion et le résultat a été à la hauteur de leurs efforts. Mais que de travail, de patience, de persévérance (coups de téléphone, rappels pour régler les inscriptions, modifications de dernière minute du nombre de participants), pour que nous nous retrouvions à plus de 120, le samedi 14 mai 2005 au Village Vacances Famille de Giens, dans un cadre splendide, au bord la Méditerranée, face à l'île de Porquerolles (un peu plus loin, il y avait l'Algérie (comme le dit ce goéland songeur, surpris par Francis Mercadal, alors qu'un autre volatile immortalisé par Édouard Adreit, commence à réfléchir à la proposition de Mohamed Abrous... ).

  Pour trouver la liste des présents à cette réunion, cliquez ici  
------Certains étaient arrivés dès la veille et avaient commencé à évoquer notre village et ses habitants avec des joies, des émotions, des pleurs quelquefois. Le plus difficile était de se reconnaître, le temps (plus de quarante ans) ayant entraîné des modifications des visages et des silhouettes. Heureusement Bernard avait tout prévu et, le samedi après midi, lors de l'arrivée de la majorité des inscrits, il distribuait un petit dossier qu'il avait préparé pour chacun et dans lequel on trouvait un badge avec son nom, qu'il fallait accrocher sur sa poitrine, et aussi un "trombinoscope" avec les portraits actuels qu'il avait demandés et que la plupart des participants lui avaient adressés en temps utile.
-----A entendre le brouhaha régnant dans le hall d'accueil du VVF, on n'avait aucun doute : c'était bien des gens de "là-bas" qui tchatchaient haut et fort. Des "Mais qui ti'es toi ?" avec un regard en biais sur le badge pour tenter de déchiffrer le nom. Des "Ti'a changé, j't'aurai pas reconnu !". Des "Mais où ti'habitais ? Purée ! je m'en souviens pas !". Des "Tu t'rappelles quand..." et tu t'rappelles X ?", "et "Y est ce qu'il sera là ?", et "Ti'as des nouvelles de Z ? qu'est ce qu'elle devient ?" , bien sûr beaucoup de "C'est vraiment bien ! super ! sympa ! extraordinaire !", et quelques réflexions plus intimes, plus pudiques : "Je n'arrive pas à réaliser, c'est comme dans un rêve", "Je n'imaginais pas le choc que ça me ferait"...
Bernard a eu alors beaucoup de mal à propulser cette basse-cour vers la salle de réunion qu'il avait réservée et où il adressa, entre deux larmes et trois sanglots, quelques mots de bienvenue aux participants et à leurs conjoints qui n'étaient pas tous originaires de l'autre coté de la Méditerranée, d'Air de France ou de Bouzaréah autrement dit de "chez nous" (il y avait même quelques Oranais égarés !). Noëlle, la Lorraine, qui ne connaît l'Algérie qu'au travers de Bernard, et Édouard, le fils de Bernard, né en métropole, nous ont ensuite fait part avec beaucoup d'émotion et de tendresse de la manière dont ils vivaient ces retrouvailles.
Vous trouverez le texte de ces interventions au bas de cette page.
-----Quelques pages du site ont ensuite été projetées (Bernard avait acheté, pour l'occasion et sur ses propres deniers, un vidéo projecteur) pour faire découvrir le site à ceux qui ne le connaissaient pas et les inviter à s'inscrire sur la "liste des retrouvés" pour permettre à chacun de renouer facilement (merci Internet !) des relations que le temps avait distendues.
-----Bernard a alors présenté quelques suggestions en forme de questions. 1. Souhaitez-vous qu'une telle réunion soit répétée ? Si oui, où et avec quelle fréquence ? 2. Que pensez-vous de l'idée de faire un annuaire "papier" des anciens d'Air de France pour ceux qui souhaiteraient y figurer en donnant plus de renseignements (adresse postale, numéro de téléphone fixe et portable... ) que les seules adresses e-mail et villes de résidence actuelle que l'on peut trouver sur le site, et qui serait utile pour ceux qui n'ont pas de messagerie électronique et d'accès à Internet ?
-----Des reproductions des photos de classe et des plans de quelques rues d'Air de France ont alors été mis à la disposition de tous pour tenter d'y reconnaître quelques copains ou copines de classe et de retrouver l'emplacement de sa maison. Et ce fut alors de nouveau un agréable brouhaha, pendant qu'était mis en place, au fond de la salle, un apéritif qui fut agrémenté de quelques délicieuses soubressades et longanisses que Michel Ortuno avait confectionnées et apportées de sa propre charcuterie et qui furent bien appréciées (aucun reste !).
L'apéro est avancé : Cristal ou Gras ? Et des zitounes pour la kémia !
Un bel apéritif (avant le passage des assoiffés...)
   
  Pour une kémia digne de "chez nous", Michel Ortuno : soubressade et longanisse  
Là encore il y eut autours des verres d'anisette, de punch ou de jus de fruit beaucoup d'échanges de souvenirs et de serments "on ne va pas en rester là, il faut qu'on se revoie..." avant de se retrouver, pour le dîner, dans la salle à manger dont les tables avaient été ornées par Noëlle, Nounou, Marceline Tabet et Danielle Bondet, de petits bouquets de fleurs et décorées de plaques bleues portant les noms de quelques rues d'Air de France.
-----Pendant le dîner était projeté un document préparé Bernard, faisant défiler, en boucle et en parallèle, les "tronches" d'avant et d'aujourd'hui de chacun des participants qui avaient bien voulu confier leurs photos à Bernard. Puis Mohamed Abrous projeta quelques photos (que vous pourrez certainement voir bientôt sur le site) qu'il avait prises en novembre 2004, montrant quels changements il y avait eu après plus de 40 ans à Alger et à Air de France avec notamment le marchand de beignets (avec zalabias) et le café Sandra qui sert maintenant de lieu de réunion aux groupes de scouts.
-----Le champagne que chacun avait réservé était bien entendu de rigueur pour une telle célébration et, nouvelle surprise, Bernard et Noëlle avaient fait réaliser une étiquette spéciale pour l'occasion.
   
  L'étiquette du champagne, "Air de France Retrouvailles 2005"  
-----Et les bulles aidant, le chant "les Africains" fut entonné car à Air de France, nous étions tous des Africains et cette hymne avait le mérite de nous rappeler la gloire et les sacrifices de nos aînés qui, quelle que soit leur origine, leur race ou leur religion, s'étaient battus côte à côte, en frères d'armes, sur les champs de bataille d'Italie de France et d'Allemagne pour libérer une France et des Français qui, à tour de rôle, les ont rejetés et oubliés, voire méprisés.
-----Pour terminer la soirée, de petits groupes se formèrent autour du bar pour continuer à évoquer des souvenirs et ces échanges se poursuivirent, pour certains, tard dans la nuit, jusqu'à ce que, un peu après deux heures du matin, le gérant du VVF les mette quasiment à la porte du bar...
-----Le reste de la nuit fut agité ou pour le moins emplie de rêves peuplés de réminiscences et, au réveil, le petit déjeuner donna encore l'occasion de se retrouver quelques précieux moments avant de boucler ses valises pour reprendre la route de nos résidences actuelles éparpillées dans l'hexagone (Alsace, Auvergne, Région Parisienne, Nord-Pas de Calais, Pays de Loire, Languedoc-Roussillon, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Provence-Côte d'Azur...).
-----Et petit à petit on se sépara en se disant non pas "adieu" mais "au revoir".
-----Un grand nombre de photos (ainsi que quelques vidéos) ont été prises par les uns ou les autres au cours de cette journée, et Bernard envisage de réaliser un CD-Rom ou un DVD avec les documents que vous lui enverrez. Nous avons commencé à en recevoir un assez grand nombre que nous placerons (jusqu'au 28 juin), sur le site au fur et à mesure de leur réception (près il faudra attendre la mi-septembre...).
  Pour voir les photos de cette réunion, cliquez ici  
-----Un GRAND MERCI à Bernard et à Noëlle qui avaient mis sur pied et organisé de main de maître ces retrouvailles où chacun a, nous l'espérons, trouvé un plaisir intense mêlé d'émotion . Nous avons déjà reçu quelques commentaires (pour le moment en forme de satisfaction et de félicitations...).
  Pour trouver les commentaires, cliquez ici  
-----Alors à la prochaine ? à Biarritz ? à Nantes ? à Clermont-Ferrand ? à Lyon ? ou ... ou... ou à Air de France (proposé par Mohamed Abrous qui accepterait de se charger de l'organisation pour un petit groupe de 20 à 30 personnes)?
-----Depuis quarante trois ans, au moins, nous en avons tous rêvé.
-----Aujourd'hui, nous l'avons fait.
-----Que de chemin parcouru depuis l'époque où nous étions en classe, dans notre école, chez Monsieur Détrez, mais également que d'épreuves et de tourments !
-----Monsieur Elie nous a envoyé un message que Noëlle vous lira et dans lequel il dit : "Parlez d'Air de France à vos enfants et petits enfants, dîtes leur que nous étions heureux". Il est vrai que nous sommes dans la première moitié de notre vie et que bientôt nous serons oubliés. Il faut éviter cet oubli, car, comme le disait Elie Wiesel "un peuple qui ne connaît pas son histoire, s'expose à ce qu'elle recommence" et cela nous ne le voulons pas, plus jamais.
-----Ce ne fut pas une mince entreprise que de retrouver tout le monde, Noëlle m'a bien aidé. Nous avons recherché chacun et chacune. Pour les filles ce ne fut pas facile. Il y a eu beaucoup de surprises, des personnes désagréables, voire vindicatives, mais, heureusement, d'autres très intéressées.
-----Pour nous l'essentiel était que nous soyons de nouveau rassemblés et que nous puissions de nouveau tisser des liens afin que reste vive la mémoire d'Air de France.
-----Nous n'avons pas pu rattraper tout le monde et quelques uns n'ont pas pu se joindre à nous. Parmi eux, certains ont émis le souhait de vous faire un petit clin d'oeil (lecture par Noëlle des messages de Hubert Cohen, Charles Goujon, Michel Tillot, Charles Elie).
-----C'est un jour historique, nous avons reconstitué notre village.
Bernard Adreit
Les messages des absents
Message de Hubert COHEN
Bonjour.
Je suis dans l'impossibilité de me libérer pour cette grande réunion. J'ai donc découvert, très récemment, avec plaisir et émotion, cet élan de désir de "retrouvailles" des anciens.
Bravo pour tout ce que vous faites.
Amitiés à tous les anciens que j'ai connus et à ceux que j'aurais pu connaître.
Message de Charles ELIE
Amis Aérofranciens,
C'est avec une certaine émotion que je vous adresse ces quelques lignes :
- la vie semi-monacale qu'oblige mon âge,
- l'empêchement de participer à des agapes tardives,
- l'éloignement de mon domicile,
me priveront de cette rencontre affective que j'aurais tant appréciée.
Oh ! Je sais qu'il ne reste pas beaucoup "d'anciens" parmi nous ; mais vous, que j'ai connus si jeunes, qui êtes certainement grand-parents actuellement, n'oubliez jamais et dites souvent à vos enfants et petits-enfants combien nous étions heureux dans ce morceau de France, non seulement appelé "Air de France", mais de plus, dont les rues portaient des noms de provinces françaises !
Vous êtes cette belle jeunesse, gaie, saine, sportive (le CAF en témoignait) européens et musulmans unis dans le même culte de l'amitié.
Il aura fallu que ce coup de vent politico-pestilentiel souffle par rafale sur l'histoire de notre pays pour nous essaimer aux quatre coins de cette métropole correspondant nullement aux sentiments d'amour que nous avions d'elle, là-bas.
La vie suit son chemin ; sachez simplement qu'en notre ancien "Air de France", beaucoup de musulmans de votre âge, scolarisés comme vous, citent encore chaleureusement vos prénoms, et qu'aucun nom de rue n'a été remplacé là-bas.
Bernard Adreit vous en parlera certainement plus, je possède le double d'un manuscrit de 280 pages dans lequel je relate 130 ans d'Algérie Française. Un des chapitres de ce manuscrit développe notre vie à Air de France - Dély-Ibrahim.
Ma fille Claude apportera certainement une vidéocassette enregistrée en 2003 devant mon ancienne demeure, rue du Vercors, par un ami franco-kabyle dont les parents ont acheté une ancienne propriété Djaffer, route de Béni-Messous.
Recevez toutes et tous, mon affectueuse amitié et mes sincères accolades.
Je pense à vous.
Message de Charles GOUJON
Bonjour,
Nous regrettons de ne pas être avec vous ce jour.
Mon épouse étant en longue maladie, nous ne pouvons nous déplacer.
De tout coeur avec vous.
Amicalement.
Message du Docteur Michel TILLOT
(Pharmacien)
Chers Amis,
Désolés de ne pas participer à l'agréable réunion.
Il n'est pas possible d'envisager un quelconque déplacement vu notre état de santé (prothèse totale du genou pour mon épouse et traitement aux rayons de la prostate pour moi).
T out sera sûrement parfait.
Un message de tendre souvenir à tous ceux que nous avons connus là-bas.
Encore merci.
Noëlle Adreit

-----J'espère que vous n'avez pas oublié de prendre vos Kleenex, moi j'ai déjà eu l'occasion de les utiliser. Eh oui ! Une dame nous a envoyé un courriel et nous disait qu'elle avait quitté Air de France très jeune, à 5 ans, mais qu'elle avait un grand plaisir, beaucoup de joie, d'amener sa maman de plus de 84 ans, pour ces retrouvailles ; cette phrase m'avait assez émue.
-----Nous vous avons dit également qu'il y aurait des surprises, vous en avez déjà vu quelques unes. Maintenant c'est Bernard qui va en avoir une. Édouard notre fils s'est régalé en lisant sur Internet les petites anecdotes, que les Aérofranciens ont envoyés à Nounou et Francis.
-----Francis a su, sur Internet, faire revivre votre village ; je trouve aussi parfois cette lecture émouvante, car il a très bien fait. Édouard s'étant inspiré de cette lecture, va essayer de faire revivre votre village de vive voix.
-----Vous allez vous sentir obligés de vous mettre sur Internet pour y découvrir le riche site de Francis, de retrouver nos journées de retrouvailles et aussi combien d'autres sites.
-----Beaucoup de personnes ont eu besoin d'exprimer leur désarroi, leur douleur, sur tous les sites on le découvre et tous ont besoin d'y mettre un poème, vanter leur pays, leurs souvenirs et…
-----Alors bon courage et soyez curieux, ces sites PN sont tous très bien faits, très riches. Je ne fait pas de pub pour télécom, juste pour Francis et ses copains internautes.
-----Bonne soirée

. ----A toi, Édouard

-----C'est au cœur du massif du Sahel, sur les flancs du Djebel Bou-Zaria, que furent semées les graines de cette histoire…
-----Entre les oueds Béni-Messous et M'Khacel poussèrent les premières villas accompagnées de leur cortège ô combien riche et varié d'arbres fruitiers et aromates, se mêlant aux fragrances enivrantes du jasmin et du lilas.
-----Petit à petit la vie s'organisa, notamment autour des cafés, tels que le café Saurel, le café Sandra et le café des Pins, rythmée par les parties de pétanque du CBB puis du BCAF et ponctuée d'apéros.
-----Les petits commerces se développèrent tels que le salon de coiffure de Mme Amato, la pâtisserie Ste Marie des Pellegrino, la boulangerie Torrès, la pharmacie Tillot, la charcuterie Piris, lieux de convivialité par excellence où conversaient ces dames, tout en "faisant la chaîne"; sans oublier le Comptoir Électroménager d'Air de France de M. Lévy et la crémerie de Mme Lameta, devenue l'épicerie "Au Bon Accueil" de Mme Nadal, laquelle tenait plutôt de la caverne d'Ali Baba!
-----Et lorsqu'il devenait nécessaire de se déplacer vers Alger ou Bouzaréah, alors on empruntait la très ponctuelle TMS !
-----Quels sont ceux qui n'ont pas connu la punition de trois tours de cour infligée par M. Détrez. Combien ont eu la chance d'être de corvée d'encre avec M. Astier. N'avez vous point à l'esprit ces grands tableaux noir lignés Sieyès et ces pages d'écritures avec pleins et déliés, réalisées à la plume Sergent Major, dans la deuxième classe de M. Trama ? En somme le quotidien de tout bambin au rythme du sifflet, des jeux de billes, de noyaux d'abricots et de capsules et des clichés Milandre.
-----Voici donc ici livrés, pêle-mêle, quelques souvenirs d'une époque teintée de nostalgie et gorgée de parfums et de soleil. Certes j'aurais pu y insérer quelques anecdotes, telle que celle du petit Bernard, dont la grand-mère laissait faire les quatre cents coups, comme relier la cuillère de la soupe du chien au disjoncteur….Mais bon, je souhaitais juste vous faire un petit clin d'œil à tous en forme de respect et de partage de cette période, que bien évidemment je n'ai pas connue, où les valeurs étaient encore de rigueur, où Simon, Mohamed et Francis jouaient ensemble dans ce petit oasis aux "Air de France"!
Édouard Adreit