A
l'école
Le besoin d'un établissement
scolaire nécessité par le développement du village
et de l'accroissement de sa jeune population devenant impérieux,
le Conseil Général du département d'Alger avait, dès
1936 pris conscience de cette nécessité et de l'importance
de la population en âge scolaire (82 enfants), et, le 12 mai, émettait
le "voeu"que soit créée, le plus tôt possible,
dans la commune de Dély-Ibrahim, au lieu-dit "Air de France",
une école mixte à deux classes"
 |
Ecole
de Dély-Ibrahim
Considérant
que par sa situation topographique, une partie des territoires
de la commune de Dély-Ibrahim vient s'enclaver dans la
commune de Bouzaréa ;
Considérant que dans la partie excentrique de cette enclave
il s'est formé par suite d'un lotissement heureux appelé
«Air de France ». une agglomération importante
comprenant 82 enfants ;
Considérant
que ces enfants ne peuvent recevoir l'instruction nécessaire
faute de place dans les écoles de Bouzaréa qui est
la commune la plus proche de cette agglomération ;
Considérant
qu'il convient aux pouvoirs publics de remédier à
cet état de choses préjudiciable à toute
une population.
Emet
le vu :
Que
soit créée, le plus tôt possible, dans la
commune de Dély-Ibrahim, au lieu dit « Air de France
», une école mixte à deux classes.
Signé
: Borgeaud, Villeneuve, Aboulker.
Écho
d'Alger du 18 janvier 1937
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Voeu du Conseil
Général paru dans l'Écho d'Alger du 14 mai
1936
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La crise de 1936 ne
permit pas la réalisation rapide de ce projet malgré la volonté
de Monsieur Jamot, maire de Dély-Ibrahim, qui rappela ce projet dans
son discours, en présence du sénateur Duroux et du préfet
Bourrat, lors de l'inauguration du nouveau bureau de postes de Dély-Ibrahim.
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Extrait
du discours de M. Jamot, maire de Dély Ibrahim, le 17 janvier
1937
(Écho d'Alger du 18 janvier 1937) |
Une
"petite école" mixte à classe unique fut néanmoins
rapidement installée dans un local situé à l'emplacement
de l'hôtel "La Comète" des Benhaïm et un poste
d'enseignant fut ouvert à la rentrée d'octobre 1937 mais pourvu
avec quelque retard, le poste n'ayant été ouvert qu'au 26
octobre.
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POSTES
VACANTS
Enseignement
primaire
Air-de-France
(commune de Dély-Ibrahim). Ecole mixte d'application
à classe unique.
Les
candidatures sont reçues jusqu'au 25 ,octobre (1 exemplaire
de la demande sera envoyé directement à l'inspecteur
d'Académie et 1 exemplaire à l'inspecteur primaire
de la circonscription). Seuls les instituteurs pourront postuler
pour cette école.
Écho
d'Alger du 3 octobre 1937
|
Mais cette école
s'était rapidement révélée insuffisante et lors
de la rentrée d'octobre 1938, les élèves fréquentant
déjà l'école furent réinscrits avant que l'inscription
de nouveaux élèves soit rendue possible en fonction des places
restantes.
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ECOLE
MIXTE D'AIR DE FRANCE. Les
parents sont avisés que la réinscription des élèves
fréquentant déjà l'école aura lieu
à l'école le jeudi 14 septembre de 9 à 11
heures.
L'inscription
des nouveaux élèves se fera le jeudi 14 septembre
de 14 à 17 heures.
Écho
d'Alger du 13 septembre 1939
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Il est donc très
vraisemblable que quelques enfants aient pu être scolarisés
et avoir accès à l'enseignement donné sous la direction
de Mr Chas, à l'école annexe de l'École Normale d'Instituteurs.
Photos
de classe de l'ancienne "petite" école
cliquez sur les photos pour les agrandir |
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Classe
de Mr Chas |
Les élèves
de cette "petite école" reçurent donc successivement
l'enseignement de Monsieur Pons, Madame Letourneux, Mademoiselle Achat et
de Monsieur Chabanne avant la prise de poste, à la rentrée
d'octobre 1942, de Monsieur Détrez en provenance du département
du Nord.
Quelques photos de classe, datant probablement des années 1943 à
1947, que Viviane nous a confiées, sont les rares témoins
de cette époque.
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Quand il faisait beau,
les élèves se rendaient à pied dans les jardins de
certains parents, le samedi après-midi pour s'initier à la
culture des fruits et légumes avec leur maître qui, eux, n'avaient
pas de jardin, logés qu'ils étaient dans des appartements
de fonction. Et Madame Chandelier était chargée de cette pratique
qui consistait à apprendre (aux filles uniquement ?) des points de
couture, à faire des boutonnières, des festons et des ourlets
et à exécuter des tissages et des broderies. Toutes ces réalisations
étaient ensuite fixées sur des pages de couleur sombre dans
un petit cahier de couture.
Les élèves apprenaient aussi des comptines et des chansons
du terroir régional de France, avec leur maître respectif,
du genre : "A la claire fontaine", "Frère Jacques",
"La Saint Hubert", "Le cor de Roland", "Les chants
de Noël", "Les trois souris". Et, 3 ou 4 fois par an,
Monsieur Détrez emmenait, à pied à l'École Normale
de Bouzaréah, les élèves de la "petite école"
pour chanter devant les élèves-instituteurs, tous réunis
dans une sorte d'auditorium, afin de les former à leur futur enseignement
dans la direction d'une chorale. C'est probablement à une de ces
occasions que fut prise la photo ci-dessous.
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A
l'école annexe de l'école Normale, Mr Détrez
et ses élèves |
Cette insuffisance de
classes publiques amena sans doute Madame Marie Bachelier à prendre
l'initiative d'implanter une école primaire privée mixte à
Air de France, fut autorisée le 20 octobre 1942 par l'Inspecteur
d'Académie d'Alger.
Document
en date du 20 octobre 1942 par lequel "Madame Marie Bachelier
est autorisée à ouvrir une école primaire privée
mixte à Air de France (centre dans lequel il n'existe pas d'école
spéciale de filles)"
cliquez sur le document pour l'agrandir |
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Enfin, le 1er
octobre 1948, l'école primaire mixte d'application d'Air de France
ouvrit ses portes dans un édifice tout neuf, remplaçant avantageusement
la "petite école" publique dont les locaux étaient
devenus vraiment trop exigus pour accueillir tous les jeunes élèves
du village, avides de savoir et de connaissances.
Les travaux de
la nouvelle école étaient à peine terminés et,
les premiers jours de cette première rentrée des classes,
les élèves durent passer sur une passerelle de trois madriers
pour franchir les quelques cinq ou six marches qui menaient de la rue au
préau et à la cour de récréation, l'escalier
étant encore en cours de finition.
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AIR-DE-FRANCE
CREATION DUNE ECOLE
Notre
coquet centre est, à la grande joie des habitants, enfin
doté dune école digne de ce nom.
Ce vaste bâtimenl construit daprès les dernières
données de larcnitecture moderne et dont les plans
ont été dressés par M. Jacques Bonet, architecte
DPLG, occupe une superficie de 2.300 m2 environ et comprend quatre
classes spacieuses où pénètrent à
profusion lair et la lumière et pouvant contenir
chacune 45
élèves au moins. Quatre superbes appartements destinés
à loger le personnel enseignant ; une vaste cour où
pourront sébattre nos écoliers et pratiquer
le sports; préaux dhiver, etc...
Le premier coup de pioche fut donnéle 15 septembre 1947
par lentreprise Fonte et Cie. Lédifice est
actuellement
termine et les écoliers affluent.
Adressons nos sentiments de gratitude à la municipalité
dalors qui, sous l'împulsion de son dvnamique maire,
M. Charles Jimot, uvrait depuis de nombreuses années
auprès des pouvoirs publics pour cette grande réalisation.
Nous remercions rde tout cur M. Henri Borgeaud, conseiller
général et conseiller de ,a République, qui
se dépensa sans compter pour nous faire obtenir satisfaction
; il est le grand artisan de
cette réalisation
Echo
d'Alger du 6 novembre 1948
|
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AIR-DE-FRANCE
Rentrée
des classes. Tous les élèves dâge
scolaire désirant fréquenter lécole,
devront être présentés à la permanence
de la mairie lundi 27 septembre, de 8 h. à 11 heures, et
mardi 28. de 14 heures à 16 heures. Fournir bulletin de
naissance, certificat de vaccination et carte dalimentation
Echo
d'Alger du 24 septembre 1948
|
Autant qu'il m'en souvienne,
il n'y avait que trois (ou peut-être quatre) classes ouvertes la première
année.
Mais très rapidement, une puis deux nouvelles classes supplémentaires
furent construites, réduisant d'autant l'espace initialement réservé
au préau.
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AIR-DE-FRANCE
ECOLE
DAPPLICATION DE LAIR-DE-FRANCE. Ouverture
de classe : Les élèves inscrits pour la cinquième
classe de lécole dapplication (classe dinitiation)
devront se présenter lundi 17 octobre, à 8 heures.
Echo
d'Alger du 15 octobre 1949
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Ouverture
de la 5ème classe en 1949 |
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AIR-DE-FRANCE
DANS
LENSEIGNEMENT. Nous sommes heureux de présenter
nos souhaits de bienvenue à Mme Vergnes Pierrette,institutrice,
récemment, nommée à lacinquième classe
de lécole dapplication
d'Air-de-France.
Echo
d'Alger du 19 octobre 1949
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Nommination
de Mme VERGNES institutrice pour la 5ème classe |
 |
DANS
LENSEIGNEMENT. Bienvenue à Mme Buston et
M. Darthou, Instituteurs, nommés adjoints à lécole
dapplication de l'Air-de-France. à laquelle une sixième
classe vient dêtre créée.
Echo d'Alger du
6 octobre 1950 |
Nommination
de Mme BUSTON et de M. DARTHOU et ouverture de la 6ème classe |
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Vue
depuis la rue du Vivarais |
Les
classes (à g.) et le préau (à dr.) |
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Le
préau |
Les
douches et les lavabos |
Cliquez
sur les photos pour les agrandir |
Les salles de classe,
destinées à accueillir des effectifs pléthoriques de
42 à 48 élèves, étaient numérotées
: la 1ère classe, au fond, celle de Monsieur DÉTREZ, le directeur,
avec 4 divisions d'une douzaine d'élèves (CP, CE1, CE2 et
CM1), puis la 2ème classe, celle de Monsieur TRAMA à deux
divisions (CM2, pour ceux qui se présentaient à l'examen d'entrée
en 6ème et Fin d'Études pour ceux qui allaient se présenter
au Certificat d'Essuies Primaires, la scolarité n'étant alors
obligatoire que jusqu'à 14 ans !), puis la 3ème classe, celle
de Monsieur ASTIER pour les CP et peut-être les CE1.
 |
Monsieur
DETREZ |
Madame OLIVE, dont le
patronyme évocateur déclenchait toujours gloussements et fous
rires irrespecteux, avait, au début, en charge la 4ème classe,
située immédiatement à droite de l'entrée de
l'école. Mais il semblerait qu'elle ne resta en poste qu'une partie
de l'année scolaire et qu'elle fut remplacée par Madame CHANDELIER
au début de l'année scolaire 1948-49
 |
Enseignement.
Bienvenue à Mme Chandelier, nouvellement nommée
à l'Ecole d'application d'Air-de-France, en
remplacement de Mme Olive.
Echo d'Alger du
7 décembre 1948 |
Affectation
de Madame CHANDELIER à l'Ecole d'application d'Air de France |
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AIR-DE-FRANCE
ECOLE
DAPPLICATION. Bienvenue aux nouveaux maitres :
Mlle Saillen, MM. Leroy, Léo.
Succès scolaires : admis en sixième . Foret
Jean-Luc et Nadal Marc. :
Félicitations aux candidats et auxmaitres.
Echo
d'Alger du 11 octobre 1951
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Arrivée
de Mademoiselle SAILLEN et de Messieurs LEROY et LEO, affectés
à l'Ecole d'application d'Air de France
et réussite à l'examen de 6ème de Jean-Luc Foret
et Marc Nadal |
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AIR-DE-FRANCE
BIENVENUE.
Nos souhaits de bienvenue à Mme Montmory, qui vient
dêtre nommée institutrice auxiliaire à
l'école, dans la classe de fin détudes.
Echo
d'Alger du 9 octobre 1954
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Arrivée
de Madame Montmory à l'Ecole d'application d'Air de France |
Puis ce fut Madame SAILLEN,
qui habitait tout au bout de notre rue (dénommée plus tard,
rue du Bourbonnais),
qui occupa cette classe et eut mon frère parmi ses élèves,
et plus tard Monsieur CHILLAUD.
 |
Monsieur
CHILLAUD |
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AIR-DE-FRANCE
RENTREE.
- Le directeur de l'école d'application fait connaître
qu'iI inscrira samedi 29 septembre de 9 heures
à 11 heures, les élèves désirant frèquenter
le cours préparatoire ou la classe d'initiation de son établissement.
Les nouveaux élèves des autres cours ne pourront être
admis que le lundi 1er octobre dans la limite des places
disponibles
Echo
d'Alger du 26 octobre 1951
|
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AIR-DE-FRANCE
ÉCOLE
DAPPLICATION. - M. le directeur
de l'École dapplication fait connaître qu'il
ne procède à l'inscription des nouveaux élèves
de la commune de Dély-Ibrahim que le mardi, de
16 heures à 16 h. 30.
Un cours de vacances souvrira de juillet à septembre
pour tous les cours.
Renseignements et inscriptions le mardi de 16 heures à 19
h. 30 auprès de M. le Directeur de l'École dApplication.
Echo
d'Alger du 4 juillet 1952
|
Les premiers instituteurs
avaient leur logement de fonction au premier étage de l'école
: Monsieur TRAMA, au-dessus des 1ère et 2ème classes, Monsieur
DÉTREZ, au-dessus des 3ème et 4ème classes et Monsieur
ASTIER, au-dessus du préau.
Les classes avaient lieu de 8 h à 11 h et de 13 h à 16 h,
les lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi, le jour de congé
étant, à l'époque, le jeudi. Le soir, une étude
(payante) de 16 h 15 à 17 h permettait de faire les devoirs pour
le lendemain, mais en l'absence de devoirs, le maître (on ne disait
pas "l'instit'", à l'époque) trouvait toujours des
exercices pour nous occuper : problèmes, opérations arithmétiques,
dictées et, toujours, à partir du modèle calligraphié
à la craie sur le tableau noir ligné "Sieyès",
ces pages d'écriture, avec pleins et déliés, réalisées
à la plume "Sergent-Major" et à l'encre violette
qui tachait les doigts et parfois même les cahiers.
|
Il
n'y avait bien entendu pas de cantine scolaire et pas de transports scolaires
pour les élèves dui habitaient loin de l'école, comme
au lotissement Baranès ou au lotissement Pascal. Ils devaient faire
les trajets à pied et traverser la route de Bouzaréah avec
tous les risques résultant d'une circulation certes encore restreinte
mais toujours dangereuse et génératrice d'accidents dont
celui dont fut victime Monique Lefébure, quelques jours avant Noël
1948.
 |
Victime
de son imprudence
une fillette est grièvement blessé
par une auto
Bouzaréa.
- Lundi vers 11 h., la petite. Monique Lefébure, âgée
dë six ans, sortait de lécole. Mais profitant
de labsence de sa mère qui sétait arrêtée
chez un commerçant, elle traversait imprudemment la route
nationale sans prendre garde à une auto qui arrivait.
La fillette fut renversée et grièvement blessée
Elle a été transportée à lhôpital
de Mustapha.
Echo
d'Alger du 22 décembre 1948
|
Ce
ne fut hélas pas le seul accident sur cette route de tous les dangers,
où la vitesse n'était pas limitée dans la travervée
de l'aglommération et sur laquelle il n'y avait aucun passage piéton
"clouté" et, a fortiori pas le moindre feu tricolore
susceptible de ralentir toutes sortes de véhicules motos, automobiles,
camionnettes, camions, autocars et trolleybus qui devaient faire face
à l'imprudence et à l'inconscience du danger pour les jeunes
enfants et adolescents comme le jeune Denis Devéza qui devait en
subir les graves conséquences.
 |
AIR-DE-FRANCE
ACCIDENT.
- Les familles Torrès, Devéza, Olivès, déjà
bien éprouvées par le terrible incendie de leur
boulangerie, ont encore été victimes du malheur
qui sacharne particulièrement sur eux. Le
jeune Denis Devéza qui traversait la route, a été
atteint par le trolleybus montant dAlger à Bouzaréa.
Grièvement blessé, lenfant a été
transporté à la clinique où une amputation
a été jugée nécessaire.
Toute la population dAir-de-France prend part à ce
nouveau coup du sort et les témoignages damitié
affluent auprès de ces familles si cruellement meurtries.
Echo
d'Alger du 16 décembre 1953
|
Mais
revenons à la vie de l'école.
Lors des récréations,
pendant lesquelles les jeux de ballons étant bien évidemment
interdits, garçons et filles organisaient la plupart du temps leurs
jeux de façon séparée, sans mélange des sexes.
Les garçons jouaient à "tu l'as", ou, lorsqu'on
avait eu le temps de s'organiser en deux camps, de forces à peu
près équilibrées, à "délivrance".
Selon la saison, ils jouaient aussi aux noyaux (avec des noyaux d'abricots
comme décrit dans "jeux de garçons")
ou aux billes, à "touche-tout" ou au "rond"
dans lequel chaque joueur plaçait un même nombre de billes
qu'il fallait déloger. Pour ceux qui avaient la chance d'avoir
une toupie de bois (dont ils avaient eu soin au préalable de remplacer
la pointe d'origine par un clou très acéré), ils
la lançaient au moyen d'une cordelette pour la faire tourner le
plus longtemps possible. Les filles sautaient à la corde soit seules
si la corde était petite, soit à plusieurs, deux gamines
faisant tourner une grande corde alors que les autres "entraient"
pour sauter avant qu'il soit décider de faire "vinaigre"
c'est à dire de faire tourner la corde le plus vite possible. Elles
pouvaient aussi pousser en sautillant à cloche-pied, un palet,
en fait une vieille boite de pastilles "Valda" remplie de terre,
sur une marelle à six cases dessinée à la craie sur
le sol de la cour ou sur une marelle en forme de croix de Lorraine partant
de "la terre" pour atteindre "le paradis" en évitant
"l'enfer".
Mais tous, garçons ou filles, devaient bien faire attention au
redouté signal de fin de la récréation.
 |
Christian
Nada, Alain Ordinez, Jean Suréda et X dans la cour de l'école.
Passez la flèche sur les visages,
si elle se transforme en petite main, vous pourrez découvrir
le nom des élèves qui ont pu être identifiés.
|
Car
le directeur avait imposé une discipline très stricte qui
s'exerçait par le truchement du sifflet qu'il tenait au bout d'une
chaîne. Un premier long coup de sifflet nous imposait de nous arrêter
immédiatement dans la position où nous étions, cessant
tout mouvement. Lorsqu'il avait constaté que tous les élèves
étaient immobiles, le directeur donnait alors un second coup de
sifflet, plus court, auquel nous devions répondre en nous dirigeant
calmement, sans précipitation, vers la porte de nos classes respectives
en nous alignant, deux par deux, le long du mur. Alors seulement, après
le rituel "entrez", nous étions fermement invités
à gagner nos bancs et nos pupitres. Là, nous étions
tenus de rester debout dans l'allée, attendant que le maître
qui entrait toujours le dernier nous autorise à nous asseoir à
notre place. Gare à celui ou celle qui ne respectait pas cet ordonnancement
! La chaîne du sifflet enroulée autour de la main du maître
se déroulait immédiatement et le corps du sifflet, accéléré
par la force centrifuge, venait frapper le dos, les épaules ou
le bras de celui qui avait dérogé à cette discipline.
Viviane Détrez, la fille du directeur, nous a confié qu'elle
conserve encore, sur une étagère de sa bibliothèque,
ce fameux sifflet qui a donné tant de sueurs froides à certains.
Dans la classe du directeur, où cohabitaient donc quatre divisions,
la place de chacun était en réalité à géométrie
variable car elle dépendait du classement mensuel de chacun : les
deux places du fond de chaque division étaient occupées
par le premier et le deuxième de la division, devant eux, les troisième
et quatrième et ainsi jusqu'aux deux places devant l'estrade qui
étaient réservées au dernier et à l'avant-dernier.
Ces places étaient donc remises en cause tous les mois.
Les trois premiers de chaque division avaient des obligations, voire des
prérogatives.
Celui qui avait été classé troisième devait,
avant la classe, ouvrir les épais rideaux marron qui masquaient
les fenêtres. Le deuxième avait la lourde responsabilité
de remplir d'une encre violette, contenue dans une grande bouteille, tous
les encriers de porcelaine blanche inclus dans les pupitres de sa division.
C'était la tâche la plus ingrate, mais aucun n'aurait voulu
y déroger (le maître l'aurait-il d'ailleurs toléré
?), car les débordements n'étaient pas inhabituels et on
reconnaissait tout naturellement celui qui assumait cette charge à
la délicieuse coloration violette de ses doigts (quand ce n'était
pas ses mains ou même son sarrau ou sa blouse) que des astiquages
énergiques à la pierre ponce ne parvenaient, au mieux, qu'à
atténuer.
Enfin le premier de chaque division avait l'insigne honneur de surveiller
sa division pendant les absences, brèves ou plus durables, du maître.
La responsabilité suprême revenait au premier de la division
des plus grands, le CM1, qui avait une prééminence sur les
premiers des divisions inférieures. Ces responsables avaient à
rendre compte au maître, des incartades et des manquements à
la discipline survenus en son absence. Inutile de préciser qu'il
était plus que souhaitable d'entretenir d'excellentes relations
de camaraderie avec le premier de la division !
La journée commençait invariablement par la leçon
de morale dont le thème écrit préalablement sur le
tableau, n'était pas effacé de la journée. Puis c'était
la lecture (sur le livre "Jeannot et Jeannette"), le calcul
(tables de multiplication
, Prix de Vente = Prix de Revient + Bénéfice
,
surface cultivable d'un terrain rectangulaire entouré d'allées
),
la grammaire (analyse grammaticale et analyse logique
, conjugaisons
),
la dictée, l'histoire "événementielle"
avec ses héros exemplaires (et les héroïnes Jeanne
Hachette
et Jeanne d'Arc
, les jeunes Bara
et Viala
,
les chevaliers Bayard
et Du Guesclin
), la géographie,
les sciences naturelles (l'air est pesant
, l'eau est un liquide
incolore, inodore et sans saveur
, l'homme est un animal de l'embranchement
des vertébrés et de l'ordre des mammifères
).
Et chaque jour, un "cahier de roulement" confié à
tour de rôle à chacun des élèves de chaque
division, devait témoigner de la petite histoire de la classe.
Ce journal de la classe requérait donc le plus grand soin de celui
qui en avait la charge pour la journée et qui se devait d'éviter
les ratures et les malencontreux pâtés d'encre violette que
ni la gomme spéciale (qui finissait par faire des trous dans le
papier) ni le Corrector (qui effaçait aussi les quadrillages et
fragilisait la feuille) ne parvenaient vraiment à estomper.
Parfois,
par ennui, par lassitude ou par désintérêt, certains
élèves ayant un moment d'absence, s'endormaient en classe
(et pourtant, il n'y avait pas encore la télévision qui
aurait pu nous empêcher d'avoir des nuits complètes de sommeil
!). Malheur à celui qui succombait à ce besoin ! Viviane
Détrez se souvient très bien de la punition immédiate
qui sanctionnait de trois tours de cour, en courant, ce manquement grave
à la discipline. Et, bien entendu, les autres élèves
de la classe, et même ceux des autres classes ne manquaient pas
de se moquer de l'endormi, à sa plus grande honte
Outre le quotidien des cours magistraux, le maître nous emmenait
à l'occasion en promenade pour l'après-midi. Grâce
à ses relations privilégiées avec un adjudant de
gendarmerie, jovial et d'un embonpoint respectable, qui, au chenil
de Béni-Messous, avait la charge de l'hébergement et
de l'apprentissage des chiens "policiers" de la Gendarmerie
Nationale, nous avions, une ou deux fois par an, le privilège d'assister
à une démonstration d'exercice de ces bergers allemands
: parcours d'obstacle, recherche de pistes, simulation d'attaques du maître-chien
par un collègue déguisé en malandrin mais protégé
par un caparaçon d'épais tissu matelassé dans lequel
les canines du molosse laissaient des traces visibles. Inutile de dire
la forte impression que laissaient, aux bambins que nous étions,
ces spectacles, à une époque où les représentants
de la force publique étaient considérés par tous
avec un respect mêlé de crainte.
Parfois, par une belle journée de la saison des
pluies, ces promenades nous menaient, au-delà du chenil de la gendarmerie,
sur la route de l'hôpital, à un endroit où Monsieur
DÉTREZ avait repéré un gisement d'argile, de terre
glaise comme nous disions. Nous amenions alors une ou deux petites lessiveuses
en tôle étamée dans lesquelles nous rapportions à
l'école quelques kilogrammes de cette terre glaise, rendue malléable
par l'humidité de récentes précipitations. Au retour,
cette matière était précieusement entreposée
dans un petit local de l'école et servait modeler des cartes de
géographie en relief, avec montagnes et vallées, falaise
et rivages sablonneux, sur lesquels on râpait de la craie de couleur
bleue, pour les mers et les cours d'eau, verte pour les forêts,
jaune pour le sable. Il y avait parmi les élèves du CM2,
un spécialiste de ces modelages, un dénommé Sid-Ali
qui organisait le trempage de l'argile, le façonnage du relief
et du littoral et qui se réservait le droit de râper la craie
sur la carte de la région ainsi réalisée. Inutile
de préciser, qu'au sortir de cet exercice nous étions d'une
saleté repoussante, faite d'un mélange de terre et de craie.
Aussi, lorsqu'une telle activité était prévue, le
maître ne manquait pas de nous en avertir afin que nos parents nous
vêtissent de tabliers, blouses ou sarraus usagés et qui ne
risquaient rien. C'était, je crois, un excellent moyen de nous
faire apprendre la géographie de cette France que nous ne connaissions
que par les grandes cartes cartonnées de la Librairie Colin ou
de Vidal & Lablache, accrochées aux murs des classes et dont
nul ne pouvait alors imaginer que nous y débarquerions, quelques
années plus tard, chassés par le "vent de l'histoire"
et par la malhonnêteté intellectuelle et le machiavélisme
des hommes politiques de tous bords. Mais ceci est une autre histoire
Pour nos activités d'éveil, il nous était accordé
certains après midis de jouer à des jeux à forte
charge pédagogique comme le "Loto de l'Histoire" où,
à l'annonce de la date inscrite sur un petit carton, nous devions,
si cette date figurait sur notre carte individuelle de jeu, donner la
réponse qui correspondait à cette date historique. C'était
aussi un moyen ludique de nous faire apprendre ou réviser notre
Histoire de France et cela fonctionnait bien car, après quelques
parties, il n'était pas rare que certains donnent, de mémoire,
la réponse alors qu'elle ne figurait pas sur leur carte personnelle
: bien sûr les traditionnels "1515 ?", "Bataille
de Marignan", "1610 ?", "Assassinat d'Henri IV par
Ravaillac" et "800 ?", "Couronnement de l'Empereur
Charlemagne", mais aussi les moins évidents "18 octobre
1685 ?", "Révocation de l'Édit de Nantes",
"27 juillet 1214 ?", "Bataille de Bouvines" pour ne
pas parler du "1559 ?", "Paix de Cateau-Cambrésis".
Mais, là encore, c'était l'histoire de la France qui nous
était enseignée, pas celle de l'Algérie où
nous vivions et où nos familles étaient, pour certaines,
établies depuis 4 ou 5 générations.
Et tout cela nous amenait à passer avec succès les examensd'entrée
en 6ème ou à obtenir le Certificat d'Etudes Primaires.
Les
succès aux examens |
 |
AIR-DE-FRANCE
EXAMENS.
Nous apprenons avec plaisir le succès au certificat
détudes des élèves de lEcole dapplication
: Pérez François, Laïchaoui Mohamed, Poisot Gabrielle.
Félicitations à ces élèves
et; aux maîtres qui les ont préparés.
Echo
d'Alger du 2 juin 1949
|
Certificat d'Etudes Primaires 1949
succès de François Pérez, Mohamed Laïchaoui
et Gabrielle Poisot |
 |
AIR-DE-FRANCE
SUCCES
SCOLAIRES. Les élèves dont les noms suivent
ont brillamment passé lexamen dentrée
en sixième : Lellouche
Irène ; Sendra Gabrielle ; Rodriguez Denise. Félicitations.
Echo
d'Alger du 17 juin 1949
|
Examen
d'entrée en Sixième 1949
Succès de Irène Lellouche, Gabrielle Sendra et Denise
Rodriguez |
 |
AIR-DE-FRANCE
SUCCES
SCOLAIRE. Mlle Jacqueline Trigano, de lécole
dapplication, a passé avec succès le concours
dentrée au cours professionnel de couture, coupe et
art ménager du collège Lazerges. Félicitations.
Echo
d'Alger du 3 juillet 1949
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Succès
de Jacqueline Trigano au Concours d'entrée au cours
professionnel de couture, coupe et art ménager 1949 |
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AIR-DE-FRANCE
SUCCES
SCOLAIRE. Nous apprenons avec plaisir que les élèves
Danièle Detrez et Claude Fougerousse, ae l'école d'application
de l'Air-de-France.viennent d'êtres reçues à
l'examen d'entrée en sixième. Tous nos compliments.
Echo
d'Alger du 13 octobre 1950
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Examen
d'entrée en Sixième 1950
Succès de Danièle Détrez et Claude Fougerousse |
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AIR
DE FRANCE
SUCCÈS
AUX EXAMENS. Liste des élèves de lécole
dAir-de-France reçus au certificat d'études
primaires le 4 juin à El-Biar : Allard Jeanine, Ferrier Michel,
Bouchama Ahmed, Masserini
Elisabeth, Oussedik Nadia et Walter Serge, soit un total de 6 reçus
sur 8 présentés.
Tous ces élèves sont titulaires du brevet sportif
scolaire.
Félicitations aux candidats ainsi quaux
maîtres qui les ont présentés.
Echo
du 10 juin 1954
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Succès
à l'examen du C.E.P. 1954 |
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AIR
DE FRANCE
SUCCÈS
SCOLAIRES. Liste des candidats et candidates ayant
réussi à l'examen dentrée en sixième
: Bensahin J., Lerov M., Diez N., Forga C.
Liste des candidats et candidates ayant obtenu le brevet sportif
scolaire en 1954 : Bagui P., Ordinez M., Domenech A., Oussedik
N., Aïmouche A., mention assez bien : Lebib B. (AB), Hamadi
M. (ABl, Ben Abdi Lyès (AB) Bensada N., Fournié
G., mention très bien, et Dendane A. mention très
bien
Brevet sportif populaire : Benabdi, Dendane, Hamadi, Lebib, Aïmouche
Aïcha.
Signalons la belle performance de Fournié Gilbert qui passa
1 m. 18 au saut en hauteur et celle de Dendane Azeddine, qui franchit
1 m. 22 dans un très beau style.
Félicitations aux candidats et aux maîtres qui les
ont préparés.
Echo
d'Alger du 17 juin 1954
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Succès
à l'examen d'antrée en 6ème, du brevet sportif
scolaire et du brevet sportif populaire 1954
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AIR-DE-FRANCE
EXAMENS.
Viennent dêtre reçus à lexamen
dentrée en 6e Claude Elie, Lisette Mourjan, Leila Bourboune,
Jacqueline Saurier, Renée-Clalre Ruas.
Nous leur présentons nos compliments, ainsi qu'à leurs
dévoués maîtres.
Echo
d'Alger du 19 octobre 1954
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Succès
à l'examen d'antrée en 6ème
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Coupure (une relique !) du "Journal
d'Alger" de juin ou juillet 1952, consacrée aux élèves
de l'école mixte d'application d'Air de France reçus
au Certificat d"Études, au Concours d'entrée en
6ème et aux Brevets Sportifs Populaire et Scolaire. Certains
de la liste des "retrouvés" y verront peut-être
leur nom ou celui d'un frère ou d'une sur ou d'un copain. |
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Facture pour
un portique et 6 crochets
(vraisemblablement destinés à être installés
dans la cour de l'école) en date du 10 décembre 1959
(merci à Bernard Venis)
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La
Caisse des Ecoles |
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AIR-DE-FRANCE
CAISSE
DES ÉCOLES. - Lassemblée générale
du 2 décembre a procédé au renouvellement du
bureau.
Ont été élus à lunanimité
:
Président : M. Casanova, maire ; vice-présidents
: Tabet et Santini ; trésorier : Détrez ; secrétaire
: Mme Delucinge ; adjointe : Mme Détrez ; assesseurs
: Mme Boyer, MM. Nadal, Vitiello, Galouze ; conseillers :
Mme Sefariello et Forêt, MM. Espitalier, Laïchaoui, Elie,
Milandre et Roubas.
Echo
d'Alger du 14 décember 1950
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En 1954 l'école
ouverte en 1948 se révélant, 6 ans plus tard, malgré
la création d'une 5ème puis d'une 6ème classe, déjà
insuffisante pour assurer la scolarisation des enfants de plus en plus
nombreux en raison de l'extension du quartier. Un comité créé
pour la défense des intérêts d'Air de France, a parmi
d'autres exigences, demandé la suppression des classes à
mi-temps, la création d'une école de filles ou l'agrandissement
de l'école actuelle.
Ces demandes ne seront que partiellement satisfaites, quelques temps plus
tard, probablement à la rentrée d'octobre 1957, par la construction
d'une école en préfabriqué à l'angle de la
route de Béni Messous et de la rue du Valois
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AIR-DE-FRANCE
COMITE
PROVISOIRE DE LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DAIR-DE-FRANCE.
Communiqué : Au cours de la réunion dinformation
tenue le 9 octobre 1954 dans lannexe de la mairie dAir-de-France,
le comité provisoire de la défense des intérêts
dAir-de-France a été ainsi constitué
:
Président. M. Pierre Espitalier ; vice-présidente,
Mme Saillen Yvonne ; secrétaire général, M.
Léon Roubache; adjoint, M. Raïs Rachid ; trésorier,
M. Merel Raymond ; assesseurs. MM. Ripoll Jean, Lasnami El Hadj,
Boudjemaà Kader.
Ce comité provisoire fait appel à toute la population
d'Air-de-France, à tous les parents d'élèves
de bien vouloir assister à la réunion que notre comité,
organisera le samedi 23 octobre. à 18 h. 30 préc:ses,
dans l'annexe de la mairie d'Air-de-France.
Nul nignore les difficultés rencontrées pour
la scolarisation de nos enfants. difficultés qui augmenteront
encore l'an prochain.
Après échange de vues avec M. le Directeur de lécole
dAir-de-France, nous nous sommes rendus compte quil
était matériellement impossible denvisager linscription
dautres élèves.
Én conséquence, nous demandons à tous les parents
d'élèves et amis de lécole de vouloir
bien assister à cette assemblée générale
afin dapporter leur concours aux membres de notre comité
en faisant part de toute suggestion susceptible dêtre
favorablement examinée.
A cet effet, nous serions désireux de voir supprimer les
classes fonctionnant à mi-temps qui lèsent linstruction
de nos enfants, et aussi la création dune école
de filles ou lagrandissement de lécole actuelle.
Il est un devoir pour chacun de comprendre combien ces problèmes
engagent lavenir de nos enfants et quil faut dès
à présent envisager les rentrées prochaines.
Echo d'Alger du
20 octobre 1954 |
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