Les Chroniques d'Air
de France
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Chapitre
7 : Jeux
de garçons Dernière mise à jour le 8 novembre 2008 |
Jeux
de garçons Au moment du Tour de France, dont nous n'aurions à aucun prix accepté de rater le radioreportage de l'arrivée en direct sur les postes à lampes de nos parents, c'étaient bien sûr, les courses de vélo, auxquelles participaient au mieux un peu plus d'une demi-douzaine de gamins avec Roger Lévy et son "Antonin Magne" à roues de 600, les frères Danus (Bernard et Lucien ?) et un petit espagnol dont j'ai oublié le nom (Esteller ?) qui nous battait presque toujours dans la dernière côte malgré son petit vélo à roues de 500. Pour ma part, je montais un "Sterling", avec roues de 550, que j'avais reçu pour le Noël qui avait suivi mon succès à l'examen de 6ème et au concours des Bourses. Tous ces vélos n'avaient pas de dérailleur et donc pas de changement de vitesse et nous étions déjà bien contents d'avoir une roue libre et non une roue fixe. Les courses en ligne se déroulaient toujours dans le sens des aiguilles d'une montre, autour du même pâté de villas, sur le même circuit fermé, sans grand danger en raison de la quasi-absence de véhicules automobiles. Il n'y avait en effet que trois ou quatre voitures qui circulaient dans le quartier : la grosse Hotchkiss de Monsieur Tabet, la camionnette Schneider de Monsieur Nadal, le plus souvent stationnée devant l'épicerie et qui sera remplacée par une des premières Dyna-Panhard et les deux camionnettes de travaux de l'entrepreneur en maçonnerie Botella. Le départ de nos courses était toujours placé devant chez nous et les Bondet, rue du Bourbonnais, face à la propriété de la grand-mère de Bernard Adreit, qui louait un petit logement à une veuve, une toute petite bonne femme, Madame Bernardini. Presque immédiatement un premier virage à droite au niveau de la villa Dupré, puis rue du Berry avec passage devant les demeures des familles Dumas, Villeneuve, Madame Simonin, Milandre, Chaix, Madame Marini et les Massini, le petit immeuble rose, à un étage, où logeaient les familles Kechteil, Curos, Benhaïm, Lévy et Guzman dont le neveu Raymond Vila dit "Riri" partageait avec sa sur Suzy nos jeux, puis les villas Suréda, les deux villas Lubrano (appartenant à mon grand-oncle) où demeuraient les familles Fenech et leurs enfants de nos âges, Jean-Marie et Geneviève, et mes cousines Ghislaine, Geneviève et Gisèle Sautet et leurs parents. Au bout de cette rue, , après les Santini et Monsieur Cormeret, on tournait à droite, rue de Bourgogne, passant devant chez les Ruiz, puis virage encore à droite chez Galouz, rue de Bretagne, descente encore jusque chez les Reisenssen puis côte assez dure pour nos petits mollets jusque chez les Tabet, un dernier virage à droite et un dernier raidillon, longeant les villas Lopez et Riéra jusqu'à la boulangerie Ferrouki et la courte ligne droite finale et plate, longeant un terrain vague sur lequel les Bagur firent construire une maison à la fin des années 50, la villa de Monsieur Martin, et enfin ligne d'arrivée qui se confondait avec la ligne de départ. Chacun tenait à s'identifier aux vedettes du Tour de France cycliste, voulant être Louison Bobet, Jean Robic et André Darrigade, ou aux célébrités locales, Marcel Zélasco et Molinéris (jamais Kébaïli ou Zaaf "le casseur de baraques", dont les exploits nous enflammaient pourtant !), alors que le petit espagnol s'attribuait systématiquement le nom du champion ibérique Bernardo Ruiz, que personne ne songeait à lui disputer. D'autres fois, lorsque d'autres garçons, mais aussi des filles, qui ne possédaient pas de bicyclettes voulaient se joindre à nous, nous allions chez Bouzid, rue du Dauphiné au Lotissement Lafumée, en face de la future Ecole Militaire des Transmissions, édifiée sur un grand domaine dont une partie avait été, pendant quelques temps, consacrée au terrain de football où s'étaient déroulés quelques matchs du club voisin, l'USB, l'Union Sportive de Bouzaréah (maillots à rayures verticales jaunes et noires). Bouzid nous louait pour quelques francs les vélos qui manquaient et dont nous pouvions disposer pendant une heure ou deux. Il ne nous demandait jamais de dépôt de caution ou une de pièce d'identité et il n'était vraiment pas à cheval sur les horaires. Cela nous donnait donc largement le temps de faire une longue ballade qui après avoir longé le camp militaire du Train et être passé devant l'hôpital, nous menait jusqu'au barrage Vidal en bas de la "côte" de Beni Messous.
Hors de la saison "cycliste", comme les rues non goudronnées n'étaient pas très roulantes, et que, à notre grand regret, nous n'avions pas la possibilité de faire des descentes en carrioles à roulement à billes, nous occupions nos loisirs avec toutes sortes de jeux comme le faisait probablement la plupart des autres gamins du pays. Ainsi, comme le droit d'utiliser le boulodrome nous était refusé par les adultes sous le motif (pas tout à fait faux) que nous abîmions le terrain bien aplani en nous adonnant à des séances de tir dont chaque impact laissait une marque en creux dans le sol, il ne nous restait que le loisir de jouer à la pétanque dans les rues de terre du village. Les boules plus petites étaient certes mieux adaptées à la taille de nos mains juvéniles et nous ne risquions pas de détériorer le terrain des adultes, mais nous ressentions comme une injustice de devoir nous cantonner à un jeu de boule moins noble que la quadrette. Après le bitumage des rues du village, un accès limité au boulodrome nous fût accordé, sous réserve de ne pas pratiquer les séances de tir dont le terrain aurait eu à pâtir. Nous jouions alors aux billes, le plus souvent en terre, parfois en verre, plus rarement en agate. Chaque joueur plaçait une ou deux billes à l'intérieur d'un carré ou d'un cercle tracé sur le sol et gagnait celles qu'il arrivait à faire sortir de cette surface en la visant avec une autre bille ou avec un "pouce" (le "calot" n'existait pas encore). Il y avait aussi, et Francis Mercadal a eu récemment l'occasion de le vérifier auprès de quelques amis d'enfance, "le trou". A environ 3 mètres de la ligne de départ, les joueurs préparaient un petit trou dans le sol. (diamètre d'environ 10 cm., profondeur de 6 à 7 cm., en forme de bol ). Pour avoir le droit de tirer, depuis le bord du trou, sur le "pouce" (bille de tir, plus grosse que les billes "ordinaires) d'un adversaire, il fallait d'abord envoyer son propre pouce dans le trou. En cas de tir au but, la bille touchée devenait la propriété du tireur. Il fallait donc s'approcher du trou, en prenant des risques, pour tenter d'y tomber et tirer. A plusieurs joueurs, ça devenait très tactique.... Le terrain de jeu favori était la Place Martinelli que les gamins partageaient avec les joueurs de boules qui arrivaient malgré les platanes à y tracer l'aire de jeu de la lyonnaise. La saison des abricots voyait réapparaître chaque année, les jeux de noyaux. Il s'agissait de démolir à l'aide de noyaux d'abricots lancés depuis une ligne, des tas formés par chaque joueur de trois noyaux juxtaposés en triangle surmontés d'un quatrième noyau. Celui qui parvenait à démolir un de ces tas, ramassait les noyaux qui avaient constitué ce tas plus le noyau qui l'avait détruit. Mais le grand gagnant était celui qui abattait le dernier tas car il ramassait alors tous les noyaux qui n'avaient pas atteint leur cible. Lorsque l'un avait perdu beaucoup de noyaux et qu'il ne lui en restait plus uffisamment pour participer à de nouvelles parties, il réclamait un "à qui tire, y gagne 5", il recevait cinq noyaux s'il parvenait à toucher avec un de ses noyaux restants, l'un des trois ou quatre noyaux déposés à deux ou trois mètres de la ligne de lancer.
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Nous
organisions aussi des courses de capsules de boissons gazeuses que
nous faisions progresser, au moyen de pichenette de l'index, le long d'une
piste tracée sur le sol : "Orangina", "mieux qu'un
soda" inventé en Algérie, "Crush" et "Slim",
"le citron qui prime", les deux fleurons d'Hamoud Boualem (à
côté de l'incontournable Sélecto), "Verigoud"
(orange, citron, mandarine), "Pam-Pam", les bières "la
Gauloise", "BGA" (Brasseries et Glacières d'Algérie)
et "33 Export", les eaux "de France" Vichy et Perrier,
et d'Algérie, source Leblanc et Ben-Haroun Francis Mercadal (toujours lui !) nous a aussi rappelé (et pour ma part, fait connaître) le jeu de la "pelote fumée". Pourquoi cette appellation? Va savoir ??? (ou plutôt "va sa'oir" !). Le seul matériel nécessaire était une balle de tennis. A l'époque c'était assez difficile de s'en procurer une, même usagée. Sur le terrain de jeu, deux lignes distantes d'environ 5 mètres étaient tracées sur le sol. L'idéal était de disposer d'un grand mur avec la configuration suivante: le mur, la ligne du lanceur à 10 mètres et la ligne des tireurs à 15 mètres du mur. Le terrain de jeu : à gauche de la Place de Bouzaréah, au début de la Route Neuve qui longeait le grand mur de la gendarmerie (les voitures étaient à cette époque assez rares.). Déroulement du jeu : un joueur tiré au sort, se plaçait sur la ligne du lanceur avec dans sa main une balle de tennis. Les autres joueurs (3, 4, 5...) se plaçaient sur la ligne des tireurs. Après avoir lancé la balle à un des tireurs choisi au tout dernier moment, le lanceur s'éloignait le plus vite possible vers le mur , en zigzaguant pour éviter d'être touché par la balle récupérée et violemment lancée vers lui par le tireur choisi. Si celui-ci ratait la cible, il était éliminé. S'il faisait mouche, le lanceur touché devait rapidement récupérer la balle, s'avancer vers sa ligne et tenter de toucher un de tireurs en fuite. S'il ratait sa cible il était éliminé, s'il faisait mouche, c'est le tireur touché qui était éliminé. C'était simple, assez sportif et ça faisait des bleus. Enfin, mais il fallait un ballon ou, à défaut, une balle, des parties de football s'organisaient de façon impromptue, sans équipement particulier, sans "tennis" ni "basket" mais en simples sandales ou "mévas", voire pieds nus, les buts étant marqués par des vêtements ou des morceaux de bois plantés dans le sol, sur un terrain vague en espalier, ce qui nous obligeait à aller rechercher, à de nombreuses reprises, gravitation oblige, le ballon qui roulait trop souvent vers les points les plus bas. Là encore, nous éprouvions le besoin de nous identifier aux "grands" clubs de l'Algérois. Georges Bondet, que son oncle emmenait parfois au stade de Saint-Eugène, ne jurait que par l'ASSE (Association Sportive de Saint-Eugène, parfois appelée par dérision "Association Sportive des Squelettes Empaillés"), alors que, pour je ne sais quelle raison (peut-être les couleurs du maillot violet et jaune), je me déclarai supporter inconditionnel de l'OHD (Olympique d'Hussein-Dey). D'autres se prenaient pour des joueurs d'El-Biar (SCUEB) ou du Gallia Sport Algérois, surtout lorsque ces clubs faisaient des étincelles en coupe d'AFN et même en coupe de France : en 1957 à Toulouse, élimination du grand Stade de Reims par le SCUEB (2-0) ou élimination du Gallia par ce même Stade de Reims, au stade Municipal en 1956. Quant aux petits "arabes" qui participaient sans discrimination à nos parties, ils se reconnaissaient bien évidemment dans le Mouloudia Club d'Alger, qui était avec l'Union Sportive Musulmane Blidéenne, un des clubs "indigènes" les plus en vues du championnat algérois.
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