La Rue du Bourbonnais
(d'après les souvenirs de Francis Rambert)
Dernière mise à jour le 26 novembre 2023
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Grâce à la mémoire et aux souvenirs de quelques anciens habitants d'Air de France, nous avons pu localiser un certain nombre de rues qui avaient été baptisées de noms des provinces de France. Les noms de ces rues ont ainsi pu être placés sur le plan d'Air de France en 1958 que Théo Bruand a reconstitué. Théo, que nous remercions vivement, nous a donné l'autorisation de reproduire ce plan et de le placer sur le site. Sur la partie de ce plan ci-dessous, focalisée sur la rue du Bourbonnais, j'ai tenté de placer les noms de ses habitants dans les années 1947-1962. Il est possible qu'il y ait des erreurs ou des oublis. Merci par avance de me les signaler afin qu'ils soient corrigés.
Lorsque l'on prenait, à partir de la route de Bouzaréah, la route de Béni-Messous (ou rue de Touraine), la rue du Bourbonnais était la première rue à gauche.
Sur la droite, il y avait d'abord un grand jardin et la demeure de Monsieur Calori, un unijambiste mutilé, puis un petit local servant d'annexe de la Mairie de Dély-Ibrahim utilisé comme bureau du Garde Champêtre avant que les nouveaux locaux préfabriqués plus vastes de la Mairie annexe du 7ème arrondissement du Grand Alger soient édifiés sur le terrain situé derrière l'école. En 1958, dans l'euphorie et l'exaltation des journées qui firent suite aux événements du 13 mai, une grande croix de Lorraine fut placée sur ce petit bâtiment, Elle était illuminée le soir par des ampoules bleues, blanches et rouges (installation réalisée avec le concours de l'entreprise d'électricité Sintès et Brionès),. Elle fut retirée à la fin de l'année suivante lorsque les désillusions précédant l'exode commencèrent à se concrétiser.
Après ce petit bâtiment, se trouvait une grande maison, au fond d'un jardin, où habitaient les Mirallès. Faisant suite à cette maison, à l'angle de la rue du Béarn, le boulodrome du BCAF, déjà évoqué dans les chapitres "Cafés et jeux de boules" et "Animations, vous avez dit animations ?".

Deux jeunes cyclistes (probablement Christian Nadal et Christian Rambert) dans la rue du Bourbonnais avec, à gauche, la villa des Botella et à droite, le grillage du boulodrome du B.C.A.F., dont l'entrée, masqué, à l'angle de la rue du Béarn, est surmontée du sigle du club avec un coq (dont on ignore l'origine et la signification). Au delà, le terrain vague de nos exploits "sportifs", et la villa des Rambert et celle des Massimi, qui a été surélevée.

Au-delà de la rue du Béarn, un grand terrain vague en espalier avait été autrefois planté de pois chiches. Mais les ravages que les garnements de nos âges faisaient dans cette récolte en mangeant les poids chiches crus, à peine murs, avaient découragé toute nouvelle plantation. Nous nous étions donc appropriés ce terrain que nous avions reconverti, de fait, en terrain de football ou en piste de motocross (ou plus exactement de vélo cross). Les parties de football se déroulaient sur le premier espalier, le plus large, mais qui avait l'inconvénient de n'être pas clôturé, ce qui entraînait immanquablement des risques de voir le ballon, sortant des limites du terrain, dévaler les quatre ou cinq espaliers situés en contrebas et ne s'arrêter, dans le meilleur des cas, que dans la rue du Béarn qui, après un virage à angle droit, délimitait ce terrain sur deux cotés. Pour pallier cet inconvénient, les plus jeunes spectateurs qui n'avaient pas été admis à participer à nos rencontres en raison de leur âge, se voyaient proposer d'assister à nos matchs depuis le deuxième espalier et de jouer le rôle de ramasseurs de balle, ce dont ils s'acquittaient bien volontiers. En raison de la taille du terrain et du nombre limité de gamins du quartier, ces parties de football opposaient rarement plus de six ou sept joueurs par équipe.
L'autre vocation de ce terrain était représenté par le "vélo cross" et, dans ce but, des pistes reliant les différents espaliers avaient été aménagés, sur lesquelles nous essayions d'imiter avec nos vélos les champions locaux de motocross, les Fracès, les Goetz, les Ciancio etc… Bien évidemment il n'était pas question de faire des courses "en ligne" vu l'étroitesse de cette piste et les courses se déroulaient "contre la montre", plus exactement en comptant à haute voix les secondes de parcours, en raison de l'absence de chronomètre. Le plus doué, peut-être parce que le pus téméraire, pour ces exercices de vélo cross, était le chevelu Guy Léandre (le fils de Madame Viard, professeur d'Anglais au Lycée de Ben-Aknoun).
Jouxtant ce terrain vague, se trouvaient les deux villas "La Charentaise" que mes grands-parents maternels avaient fait construire à la fin des années 1920. C'est dans une de ces demeures que mon frère Christian, ma soeur Michèle et moi, avons passé notre jeunesse de 1947 à 1962, avec comme voisin les Bondet et leur fils Georges avant qu'ils ne déménagent à la fin des années 50 pour la villa qu'ils avaient fait construire à Clairval.
Viviane (à droite) et Danièle Détrez (à gauche), rue du Bourbonnais, en 1960-61, probablement un dimanche après-midi car, derrière elles, à gauche, les volets de l'épicerie Nadal, "Au Bon Accueil", sont fermés. A droite, la clôture du boulodrome du BCAF. Après la 4 CV (c'est celle de Madame Détrez, prêtée à Danièle), à droite, se trouvait le début de la rue du Béarn. Au fond, après un terrain vague, la villa "La Charentaise" des Rambert masquant partiellement la villa Massimi, récemment surélevée, où Georges Bondet habitait précédemment.
Puis il y avait la maison de Monsieur Martin, un agent d'assurances qui n'y venait qu'en fin de semaine et qui consacrait son temps à l'entretien de son jardin, planté entre autres d'arbres fruitiers parmi lesquels, au fond du jardin, un splendide cerisier dont les magnifiques et succulents fruits représentaient une tentation à laquelle il nous était impossible de résister.
A la suite, alors que la rue du Bourbonnais, plate jusque là, commençait à être en légère pente descendante, se trouvait un terrain vague sur lequel Roxane fit construire une villa vers le milieu des années 50. Avec son fils Pierre Bagur, elle déménagea donc du fond de ravin au bout de la rue du Béarn, pour occuper, hélas pour peu de temps, cette nouvelle demeure encore inachevée. Puis il y avait un petit ensemble de constructions basses louées en meublé par Manuel Chicheportiche. Dans une de ces demeures, résidaient les Lambert dont le mari était agent de police.
A l'approche de la "Cour des Miracles" (en fait la cour d'une ancienne ferme où habitait Attika), la rue du Bourbonnais laissait sur sa gauche la rue d'Alsace et faisant un angle droit se terminait, à droite, en impasse au fond de laquelle demeurèrent quelque temps, les Santana et leurs fils Roger et Alain..
Repartons maintenant du début de la rue du Bourbonnais, c'est à dire depuis la route de Béni-Messous, et intéressons nous au coté gauche.
Le jardin et la villa de Monsieur Kuntz étaient situés à l'angle de ces deux voies. Puis il y avait le petit pavillon où demeuraient les Fuchs, l'épicerie "Au Bon Accueil" des Nadal, avec leurs fils Marc et Christian, déjà évoquée dans le chapitre "Commerces et Services" attenant à leur villa, où avaient habité les Langella.
Annonce de la naissance de Christian Nadal
Echo d'Alger du 11 novembre 1948
Annonce du mariage de Paul Langella
Echo d'Alger du 11 juillet 1951
Annonce de la naissance de Dominique Langella
Echo d'Alger du 16 septembre 1952

La rue du Bourbonnais en 1959. Devant l'entrée de la villa de ses parents, Christian Nadal, le jour de sa Communion Solennelle, avec sa cousine Renée Dupré . Un peu plus loin, le portail permettant l'accès au garage. Au delà, la villa des Botella, qui faisait l'angle avec la rue du Berry.
Enfin faisant l'angle avec la rue du Berry, la propriété des Botella, dont le premier étage avait été occupé par les Tordjman et leur fille Sylvia et dont l'angle du mur de clôture était orné d'un magnifique rosier grimpant, couvert de petites roses pompon très odorantes.
A l'autre angle de la rue du Bourbonnais et de la rue du Berry, se trouvait la belle villa moderne des Dupré, avec leurs filles Ghislaine et Renée (appelée le plus souvent "Nounou" ou "Nouchette"), construite après la guerre de 39-45 sur une partie de la propriété Lameta.
Annonce du décès de Monsieur Laméta
(Echo d'Alger du 28 février 1950)
Annonce du décès de Madame Laméta
(Echo d'Alger du 16 septembre 1951))
Le reste de cette propriété étant occupé par la villa de Madame Adreit belle-soeur de M. Lameta et de son petit-fils Bernard et par le petit pavillon habité par Madame Bernardini.
Annonce du mariage de Paul Ricou, fils de Mme Bernardini
(Echo d'Alger du 10 avril 1949)
Vers 1947, rue du Bourbonnais (avec des herbes qui envahissent le bas-coté), Bernard Adreit et sa maman avec Georges Bondet, devant la petite entrée de la propriété Lametta, conduisant au logement de Madame Bernardini. Derrière, le mur de clôture est celui de la maison du boulanger Ferrouki.
En juin 1957, la rue du Bourbonnais est encore en terre en attendant d'être goudronnée. A gauche, le mur de clôture de Mme Adreit terminé par le portail menant à la demeure de Madame Bernardini. Au-delà, la boulangerie Ferrouki et, au fond, au bout de la descente, la "Cour des Miracles", avec à droite les appartements loués par Manuel Chicheportiche.
Attenant à cette propriété, il y avait la demeure des Ferrouki et de leurs fils Moktar et Nouredine puis leur boulangerie dont nous avons également parlé dans le chapitre "Commerces et Services". Enfin les villas des Lopez et des Riéra (dont la femme tenait la charcuterie - boucherie chevaline de la rue du Valois) faisaient l'angle avec la rue de Bretagne. La maison des Tabet et de leurs filles Marcelline et Francine occupait l'autre angle de la rue du Bourbonnais avec la rue de Bretagne. C'est dans le garage de cette maison que nous avions eu l'occasion de voir, entre autres, quelques projections des films de Laurel et Hardy ou de Charlot, évoquées dans le chapitre "Animations, vous avez dit animations ?".
Peut-être, je ne me souviens plus très bien, y avait-il encore une demeure après la villa des Tabet avant que ne se termine la rue du Bourbonnais, à l'angle de la rue d'Alsace et avant la "Cour des Miracles".